Chronique: Evil Unleashed the mummy

Mesdames et messieurs, le film qui nous intéresse aujourd'hui figure clairement dans la liste des cas les plus particuliers et les plus fascinants qu'il m'ait été donné de voir. Et pour le peu que l'on jette un oeil sur son réalisateur, ça en dit assez long...
Je m'explique: Joe Castro est, à la base, un créateur d'effets spéciaux et de maquillages plutôt talentueux: il a travaillé sur des films comme les deux derniers volets de la saga Wishmaster ou encore Blood feast 2: all you can eat qui est la suite officielle du premier film gore à avoir vu le jour, toujours réalisé par Herschelle Gordon Lewis, duquel il semble être un grand ami et plus particulièrement la coqueluche. Il a même remporté à 14 ans un concours de maquillage organisé par un magazine d'effets spéciaux destiné à des professionels et des connaisseurs en la matière !

Ici présents, à droite, la créature, à gauche, le créateur.
On notera une certaine créativité dans le design de ce
zombie et un savoir-faire manifeste. 
Je considère qu'il est plutôt important de souligner ce fait car si il y a bien une chose qui est caractéristique des films de Joe Castro, c'est que malgré son talent, il ne parvient pas très bien à le mettre à l'oeuvre comme il faut. Ceux qui auront vu les films Terror Toons, distribués par le catalogue Uncut movies, pourront confirmer à quel point les effets spéciaux numériques font pitié par rapport à ce qu'il est réellement capable de faire avec du latex et du faux sang, et il semble hélas trop s'amuser avec son ordinateur pour décider de se lancer dans un film sans images de synthèse...

Cet état de fait crêve particulièrement les yeux (c'est le cas de le dire) dans des films comme The Summer of Massacre, dont la seule ambition clairement avouée était de créer le slasher qui présentait le plus de morts visuelles, ce qui lui permettrait de voir son nom imprimé dans le Guinness world records book et d'utiliser cette attribution honorifique comme argument de vente. Le problème, c'est que, comme dit précédemment, Castro attache trop d'importance et d'affection à ses effets numériques, d'une qualité extrêmement inégale. Si The summer of massacre, demeure un film dans l'ensemble, amusant à regarder entre amis, il est bien loin d'être le slasher intense "qui fait vomir" annoncé par les affiches...

Une des affiches de "The Summer of Massacre" !
La présentation a le mérite d'être originale...
Une image assez représentative de ce qui ne marche pas dans
The summer of Massacre...
Un régal pour les amateurs de nanar, un véritable
cauchemar (dans le mauvais sens du terme) pour les autres.

Cela dit, Mr Castro en question n'a pas toujours réalisé ses films ainsi. Il fut même un temps (l'époque de ses débuts dans le domaine de la réalisation  en fait) où aucun de ses métrages ne faisait part du moindre effet généré par ordinateur ! 
Ce n'est hélas pas pour autant que ces derniers devinrent des chef-d'oeuvres de l'horreur. On trouve ceux-ci au nombre de deux et ils portent les doux noms de The legend of Chupacabra (qui fut par ailleurs édité en DvD par la Troma) et Evil Unleashed: the mummy, le film qui nous intéresse aujourd'hui...

Un superbe chupacabra made in Castro digne d'un
épisode des power rangers !
Préparez-vous à subir une véritable
agression cérébrale à la lecture des
lignes qui vous attendent au sujet
de ce film...

Evil Unleashed: the mummy est un film qui traite de malédiction et de revanche. Une revanche exécutée contre une bande d'étudiants sacrément âgés et physiquement typés pour être des lycéens (on ne sait pas trop pourquoi, ont-ils doublé cinq fois ?) suite à une malédiction qui reste en elle-même floue. Voyez-vous même: dans une Egypte ancienne en carton (mais vraiment en carton ! Si vous me croyez pas, regardez les images ci-dessous...), la princesse Neferitia semble vouer, à un Dieu de la mort nommé Âmon, un culte tellement profond et impliqué qu'elle commet un beau matin son propre sacrifice au nom de son Dieu devant les yeux horrifiés de son prince de fiancé...

Ci-dessus, comme vous pouvez le voir, un collier et une
dague fabriqués dans l'or le plus pur qui soit sur terre !
Bonjour ! Je suis un acteur de Evil Unleashed  et je vais
faire mon possible pour vous défoncer le bulbe rachidien !

  Cela dit, juste pour faire ch*er son monde, elle déclare qu'Âmon la fera revenir d'entre les morts si l'on venait à profaner sa tombe... Et qu'à l'image d'une bien gentille femme au foyer qui irait faire les courses pendant que son mari resterait vautré sur son sofa à bouffer des chips devant un match de foot, elle irait lui chercher quelques abrutis à sacrifier et quelques coeurs humains parce que dans les films, les Dieux semblent raffoler des coeurs humains !

Jusque là, rien de bien particulier ou débile me direz-vous, si ce n'est qu'il paraît assez curieux qu'un Dieu de la mort puisse redonner la vie... 
Mais passons sur ce détail car le scénario de Evil Unleashed: the mummy contient suffisament de défauts et de bizarreries pour se rattraper !
Certes, c'est débile, c'est cheap, c'est classique mais pas bien affligeant me dites-vous ? Figurez-vous seulement qu'à partir du moment où la momie en question se retrouve dans un lycée, c'est une série de péripéties complètement insensées qui composeront le reste du métrage... Et même un peu avant: après avoir été déterrée la momie, les archéologues se font aussitôt attaquer par des scorpions tellement voraces et réalistes qu'à côté de ça, les fourmis rouges de Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal passeraient pour des enfants de choeur !

Une équipe d'archéologues au top de la crédibilité !
Avec du vrai matos de pro, comme dans la vraie vie !


NAOOOON ! PAS LES SCORPIONS EN PLASTIQUE !!!
Donc la momie se retrouve plus tard dans un lycée entre les mains d'un professeur un peu zinzin sur les bords qui semble avoir suffisamment étudié l'histoire de celle-ci pour savoir comment la ramener parmi les vivants. Il est question d'une espèce de rituel impliquant un certain assortiment bien précis d'artefacts sacrés (et en carton, évidemment)...

A partir de là, le spectateur, yeux exorbités et langue pantelante, s'embarque dans une aventure lors de laquelle il aura tout le loisir d'admirer une succession de scènes tout aussi affligeantes les unes que les autres: matériel plus que rudimentaire, budget ultra minimaliste, jus de myrtille, accessoires en carton mal foutus et plastique douteux, une 3D mal gérée (oui, le film est proposé en relief !!!), Evil Unleashed: the mummy, c'est un peu tout ça à la fois. 
Mais c'est aussi bien plus, Evil Unleashed: the mummy, c'est surtout une scène complètement gratuite, péniblement longue et bizarrement montée de strip-tease de momie !!!!

OUI !!! CECI EST VRAIMENT EN TRAIN D'ARRIVER !!!
Ben oui... Pour vous faire une idée, pendant toute la première heure de film nous nous voyons contraints de subir des dialogues chiants, une intrigue pas crédible pour un sou, des scènes de suspense aussi intenses q'un épisode de ScoobyDoo et de meurtres à mourir de rire pour qu'à l'issue, sans crirer gare, déboucher brusquement sur cette scène complètement gratuite et innattendue qui coûtera la vie aux cellules cérébrales de quiconque n'était pas prêt à voir une telle chose de toute son existence !

Notons tout d'abord que le montage est complètement apocalyptique, enchaînant les faux-raccords et les jump-cuts foireux entre une momie en état de décomposition faisant rouler ses bandelettes de façon sexy et une femme au physique abordable nous exécutant sa propre interprétation du crazy horse... En effet, la momie a hypnotisé ses victimes à un point où ces dernières se voient même plus capables de faire la différence entre une femme au physique raisonnable et une momie en état de décomposition avancé. 
C'est pourquoi l'un d'entre eux s'offrira carrément le luxe de... lui rouler une pelle ?!

Mais qu'est-ce que je suis en train de regarder ?!
Cependant, si les momies strip-teasues ne sont pas votre tasse de thé, que le jus de myrtille vous dégoûte et que les accessoires en carton ne sont pas à votre goût, vous aurez du mal à trouver votre compte en un film tel que Evil Unleashed. Même si le film se montre suffisamment distrayant pour le cinéphile friand d'étrangetés et de cinéma amateur, il ne parvient nullement à cacher son budget équivalent à celui d'une soirée boisson entre amis, la faut à un manque de réel talent ou de génie. 
En revanche, il en résulte que cette véritable aberration cinématographique s'avère être dans le fond un véritable nanar des plus attendrissants et nettement moins prétentieux ou pompeux que d'autres créations de Joe Castro...

Sachez cependant que le film a assez bizarrement été édité en 3D alors qu'à l'époque où le métrage est sorti, celle-ci n'était ni tout à fait au point, ni tout à fait à la mode.
Ça peut être sympa en tant qu'argument de vente mais le problème est qu'il s'agit, bien évidemment, d'une 3D appliquée en post-production. Entendez par là, qu'elle a été rajoutée de dernière minute lors du montage et le résultat, par conséquent, laisse pas mal à désirer.

Mais ce qui est assez étrange et particulier, c'est que certaines scènes semblent clairement avoir été pensées pour la 3D. Cela se remarque surtout lors de nombreuses parties du film où la momie se mettra à harceler le spectateur en lui tendant vers la figure un coeur humain ensanglanté ou une tête qu'elle a arrachée par la seule force de ses petits bras ! Pour avoir vu le film en 2D, je peux vous dire que la sensation de se faire narguer par le film est assez embarrassante et que je n'ose pas imaginer ce que ça donne en 3D !

Lors de ce genre de scène, j'ai davantage l'impression
de me faire agresser par le film lui-même que
d'être réellement horrifié par la scène...
A la vue de cette scène, j'ai plus de pitié pour
la mignonne petite momie fragile qui s'apprête
à combattre un noir bodybuildé. Même si c'est elle
qui gagne à l'issue du combat, je ne peux m'empêcher
de l'imaginer se faire défoncer !
Suite à un combat final des plus grotesque opposant des noirs en pagne équipés d'armes en vous-savez-quoi et une momie faisant du kung-du dans un très agréable petit bois ensoleillé, le générique défile enfin. A partir de ce moment, on commence à se demander quel genre de bêtise on a bien pu regarder pendant un heure et demie... 
Certes, c'était con, mal filmé, mal réalisé, tout était tellement raté dans ce désastre télévisuel que le résultat final prêtait davantage à sourire que d'avoir peur. Notons que pour le cinéphile intéressé par le cinéma style "fait à la maison" et l'amateur de nanar, le métrage n'est pas complètement dénué d'intérêt et peut s'avérer même être carrément une expérience risquée, mais intéressante ! 
Cela dit, quelle que soit la catégorie de spectateur à laquelle vous appartenez, ce sera toujours la même question qui, suite au visionnage de ce film, torturera votre esprit de sorte que vous ne puissiez trouver le sommeil pendant plusieurs jours:

"Mais b*rdel ! C'était quoi cette scène de danse !?"


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